Jaufré Rudel

Le poète et la légende

Ce que nous connaissons de la vie de Jaufré Rudel vient essentiellement de la « Vida de Jaufré Rudèl » écrite au XIIIème siècle. On y trouve notamment ce qu’en disent  des textes des ms I et K dans la traduction de Boutière et Schutz (1973) :

Mort de Jaufré Rudel

« Jaufré Rudel de Blaye fut un homme très noble, prince de Blaye. Il s’éprit de la comtesse de Tripoli,sans la voir, pour le bien qu’il entendit dire d’elle aux pèlerins qui venaient d’Antioche, et il fit à son sujet de nombreux « vers », avec de bonnes mélodies, de pauvres mots. Et par volonté de la voir, il se croisa et se mit en mer. Il tomba malade dans la nef et fut conduit à Tripoli, en une auberge, comme mort. On le fit savoir à la comtesse ; et elle vint à lui, jusqu’à son lit, et le prit entre ses bras. Il sut que c’était la comtesse et sur-le-champ il recouvra l’ouïe et l’odorat ; et il loua Dieu de lui avoir maintenu la vie jusqu’à ce qu’il l’eût vue. Et c’est ainsi qu’il mourut entre ses bras. Elle le fit ensevelir dans la maison du Temple, à grand honneur. Puis elle se fit nonne ce jour même, pour la douleur qu’elle eut de sa mort. » 

Le personnage historique

Quant au Jaufré Rudel historique, il apparaît dans plusieurs documents d’archives dont le plus ancien est la charte de l’abbaye de Tenaille. Le Cartulaire du prieuré de Saint-Gemme, d’après un résumé de la fin du XVIIème siècle, indique que le prince de Blaye serait né vers 1100.

Le comte Guillaume de Poitiers, dit le troubadour (1071-1127), duc d’Aquitaine et de Gascogne, premier poète connu en occitan, prit la forteresse de Blaye au père de Jaufré Rudel et la détruisit en partie. Ce n’est que bien après que celle-ci lui fut rendue.

On ne sait précisément auprès de quelle école poétique Jaufré Rudel s’est formé. Il se serait formé soit à la cour de Guillaume de Poitiers, soit à celle d’Ebles II, vicomte de Ventadour. Il semblerait que par la suite, l’Église fut pour lui une source d’inspiration tant en poésie qu’en musique.

Les chansons (Las cançons) :

« L’œuvre qui nous a été transmise est très courte, mais d’une perfection inégalée. Elle demeure d’une interprétation très difficile. » (Robert Lafont, Trobar, 1972)

Sept chansons (dont une apocryphe) sont parvenues jusqu’à nous dans vingt manuscrits différents. Quatre ont leur accompagnement musical. Elles évoquent l’amor de lonh (l’amour lointain), amour qui s’exalte du fait de sa seule existence et qui se rit des distances. Jaufré Rudel invente ainsi,dans la poésie d’amour, un nouveau concept, celui de l’amour pur, idéal et insaisissable.

Quan lo rossinhols e l folhos Quand le rossignol dans le bois feuillu…
Quan lo rius de la fontana Quand le ru de la fontaine…
Pro ai del chan essenhadors J’ai assez de maîtres de chant
Belhs m’es l’estius el temps floritz Il me plaît, l’été et le temps fleur
Lanquan li jorn son lonc en may Quand les jours sont longs, en mai…
No sap chantar qui so non di Il ne sait pas chanter, celui qui ne joue pas de mélodie
Qui no sap esser chantaire (chanson apocryphe) Que celui-là qui ne sait pas chanter

La princesse lointaine

Cette pièce en quatre actes d’Edmond Rostand fut créée le 5 avril 1895 au théâtre de la Renaissance à Paris.

Références : http://gallica.bnf.fr
Lemaitre – Impressions

L’amour de loin

C’est un opéra en cinq actes de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho sur un livret d’Amin Maalouf. Il fut créé le 15 août 2000 au festival de Salzbourg.

Références : Bande-annonce
Extrait
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